Résumé :
De la naissance de la radiologie à l’imagerie médicale dans sa forme actuelle , le manipulateur reste la pierre angulaire des activités de radiologie. Le médecin radiologue a besoin de l’aide apportée par le manipulateur et celui-ci ne peut exercer sans la présence du médecin radiologue.
Mots clés : Radiologie , imagerie , manipulateur
Introduction :
La médecine clinique est très ancienne et remonte à l’Antiquité. Elle est pratiquée au chevet du malade grâce à l’interrogatoire et l’observation. Une approche clinique bien conduite avec une démarche claire peut aboutir à un diagnostic. Cependant, dans certaines situations cliniques le praticien doit faire appel à des examens paracliniques notamment la biologie pour explorer la fonction et la radiologie pour étudier la morphologie.
La radiologie est une discipline jeune mais elle a déjà un riche passé technique. Ce sont les recherches fondamentales en physique, appliquées au corps humain, qui ont donné naissance d’abord à la radiologie pour le diagnostic et ensuite à la radiothérapie et la médecine nucléaire pour la thérapeutique.
Des appareils de plus en plus nombreux et de plus en plus sophistiquées sont conçus et le médecin radiologiste a dû s’adapter. Cependant, comme le médecin ne peut travailler sans l’aide d’un infirmier il a fallu créer très tôt une spécialité paramédicale médico- technique spécifique : le manipulateur en radiologie.
Naissance et essor de la radiologie :
À la fin du XIXe siècle, en l’espace de trois années le monde scientifique a été bouleversé par d’inestimables découvertes. En effet, Rütgen, physicien allemand découvrit les rayons X (1895) Béquerel la radioactivité (1896),Thomson l’électron (1897) et Pierre et Marie Curie le radium (1898).
À la suite de sa communication présentée devant la Société Physico-Médicale de Würzburg sur un nouveau type de rayons, Rütgen montra un cliché radiographique de la main de son épouse. Il peut donc être considéré comme le précurseur de la radiologie et, soit dit en passant, cela lui a valu le prix Nobel en 1901.
Par la suite d’énormes progrès furent réalisés notamment la mise au point de la radio scopie (1897), des produits de contrastes (1910) , des appareils de radiologie (1914) et des corps radioactifs artificiels (1934).
Enfin l’entrée vertigineuse de l’informatique dans le domaine médical avec les puissants calculateurs (1970) a permis l’explosion des techniques modernes d’imagerie notamment la TDM (1972) et l’I.R.M. (1977). Ce n’est pas fini et les techniques sont de plus en plus affinées et sophistiquées offrant ainsi de larges perspectives dans l’exploration du corps humain et le traitement des pathologies.
Du garçon de laboratoire au MIM :
Dix ans avant la révolution des rayons X, Louis Pasteur, éminent chimiste mettait au point le vaccin contre la rage (1885). Au sommet de sa gloire, Pasteur avait voulu rendre hommage à son équipe et en particulier à ce qu’il dénommait les garçons de laboratoire. Il écrivait << Ce garçon là que cherchent tous les médecins chefs, qui répond à l’infirmière , sera chargé jusqu’à midi du maintien des accumulateurs, des réglages du courant et l’après-midi de l’entretien des appareils, du nettoyage et du rafraîchissement des écrans ». Il continuait : « Ce n’est pas un garçon ordinaire ! Il compense l’instruction générale qui lui manque par l’habilité de ses mains dans le rôle qui lui est dévolu ».
En fait, en radiologie, dès le début, la problématique des aides a été au centre des préoccupations. Dès le début Marie Curie qui a contribué à mettre en place les appareils de radiologie dans le militaire (1914) avait commencé à former des infirmières opératrices parmi les religieuses. Elle déclarait « le but est de former un grand nombre de professionnels aptes à manipuler les installations radiologiques fixes ou mobiles….. Le chirurgien trouve aussi un allié dans la prise en charge des blessés» elle poursuivait «Le manipulateur est l’aide qui fait fonctionner les appareils pour le médecin radiologiste. Il entretient les appareils, répare les défauts de l’installation électrique, c’est une sorte d’ingénieur technicien » : le métier de manipulateur est donc né avec la radiologie.
Après la seconde guerre mondiale, le corps des agents manipulateurs des appareils de radiologie est officiellement créé (1949) et prend plus tard le titre de manipulateurs en électro radiologie (1964).
Ses tâches ont été définies « Il est capable d’utiliser les appareils, d’entretenir les équipements, d’assurer leur mise au point, de développer les clichés, d’assurer les moyens de radioprotection et de manipuler les substances radioactives » : vaste champ d’action !
L’aspect juridique est précisé quatre années plus tard (1968) « il doit exécuter les travaux de radiologie sous la direction et le contrôle d’un médecin ».
Devant le manque de médecins radiologues, l’évolution de ce corps de métier est adapté :(1973) « le manipulateur en électro radiologie est apte à effectuer des clichés de pratique courante ».
Plus récemment, le champ d’intervention du manipulateur est mieux encadré (1984)
« Sous la responsabilité d’un médecin radiologue, le manipulateur est apte à exécuter des examens de diagnostic, à traiter les patients par des rayons ionisants en radiothérapie et médecine nucléaire sur prescription médicale »
Le décret exécutif 11/121 du 20 mars 2011 « portant sur le statut particulier des fonctionnaires appartenant au corps des paramédicaux de santé publique » classe le corps des manipulateurs en imagerie médicale de santé publique dans la filière médico- technique (article 151).
Les différents grades sont explicités (article 152) : manipulateurs en radiologie (article 153) en électro radiologie (article 154), radiothérapie et médecine nucléaire (article 155) et en imagerie haute définition (article 156).
Par conséquent, la formation initiale gagnerait à s’adapter en fonction des différentes échelles et par des programmes de formation adaptés aux exigences de la profession.
Conclusion :
Le manipulateur de radiologie est pour le médecin radiologue, ce que sont le laborantin pour le médecin biologiste et l’anesthésiste pour le médecin réanimateur et le chirurgien. En l’absence de médecin radiologue il est l’interlocuteur privilégié sinon l’interface entre le médecin clinicien et le service d’imagerie médicale.
Bibliographie :
- La relation manipulateur-radiologue avec le patient : expérience dans un département d’imagerie médicale Caillet A et Al. Journal de radiologie 2009 : 90-10 ; 1189
- Prise en charge du patient et métier de manipulateur en radiologie
- J.F Meder , P. Glorieux Journal de radiologie 2009 : 90-10 :1192