La Télémédecine, un défi au service des régions isolées en Algérie

Introduction

De nos jours ; l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la

AOUES Khadidja. PEPM, INFSPM Blida

communication (NTIC) a révolutionné les relations entre les individus et les collectivités et a permis d’envisager de nouvelles façons d’exercer la médecine et d’offrir des services médicaux spécialisés ou ultra spécialisés dans des régions qui ne pouvaient en bénéficier .


L’Algérie ambitionne dans sa réforme hospitalière d’introduire progressivement la télémédecine spécifiquement aux populations des régions du Sud et des Hauts Plateaux qui ont grandement besoin de cette technique ; Avant d’être élargie à tous les hôpitaux à travers le territoire national.

1/ Télémédecine

Définie par l’OMS comme « la fourniture de services de soins de santé, lorsque l’éloignement est un facteur déterminant, par des professionnels des soins de santé faisant appel aux NTIC, d’une part, pour assurer l’échange d’informations valides à des fins de diagnostic, de traitement et de prévention des maladies et des blessures et, d’autre part, pour les besoins tant des activités de la formation permanente des prestataires de soins de santé que des travaux de recherche et d’évaluation, toujours dans l’optique de l’amélioration de la santé des individus et des communautés dont ils font partie » [1] . La télémédecine est le plus bénéfique pour les populations vivant dans les régions éloignées. Elle est appliquée dans pratiquement tous les domaines médicaux (radiologie, cardiologie…), et rassemble différentes disciplines à savoir : la téléconsultation, la téléassistance médicale, la télé-expertise, la télésurveillance [2], la téléchirurgie et la cyber-formation. Cette technique de santé innovante permet, entre autres, d’effectuer des actes médicaux dans le strict respect des règles de déontologie [3].

2/ Le système de santé en Algérie

En 2016 la population d’Algérie est évaluée à 40,4 millions d’habitants/km2 très inégalement répartie sur une superficie de 2.381.741 km2 dont 80% de désert [4]. Sur le plan administratif, l’Algérie est divisée en 48 wilayas : 14 wilayas des hauts plateaux (747,60 habitants /km2) ,04 wilayas principales du sud (40,41habitants /km2) [5]. Notre pays compte 13 Centres hospitalo-universitaires(CHU), 31 Structures spécialisées, 185 centres régionaux de
santé, 56210 médecins généralistes et spécialistes, 80000 infirmiers ; des ratios : 1.1 médecin/640 personnes, 2.1 hôpital/1000 habitants. Les soins sont gratuits dans le secteur public [6].
Au niveau national, le secteur public présente plusieurs problèmes : déficits en professionnels de santé pluridisciplinaire, le manque d’infrastructure sanitaire, la qualité d’enseignements insuffisants, etc. Ces problèmes sont plus aigus dans les régions éloignées, ou leur population se trouve limitée en termes d’accès à la santé. Les patients sont obligés de se déplacer pour accéder aux services de santé mais l’accès est rendu difficile par les problèmes de distance, transports et l’état des routes. Par faute de ressources financières, la quasi-totalité des hôpitaux régionaux ne disposent que de quelques spécialistes ; En outre, même si ces spécialistes existent, ils ont besoin d’échanger avec des confrères plus expérimentés pour le diagnostic et/ou la prise en charge des cas de pathologies peu fréquentes ou compliquées. Ces raisons parmi d’autre étaient des facteurs déclenchant l’utilité d’un changement au niveau du système national de santé, exprimé par une réforme (1992-2002) qui a visé certains ajustements, où le gouvernement a approuvé « l’introduction de la télémédecine pour une meilleure accessibilité des soins » Pour cela, l’intégration des nouvelles technologies dans la prestation de services médicaux dans les régions éloignées s’est imposée afin de relier les centres hospitalo-universitaires (CHU) du nord du pays et les hôpitaux des régions des Hauts Plateaux et du sud : Raison pour laquelle l’Algérie a consacré plus de 120 millions de dollars (budget des TICs dans le domaine de la santé en Afrique en 2009) [7] ;comme elle avait installé un réseau de télécommunication, facilité l’accès à la connexion Internet :10 millions d’abonnés Internet, la 3G couvre 80% du territoire. 78000km fibre optique, intranet….)

3/ Les acquis algériens et télémédecine

L’Algérie ambitionne dans sa réforme hospitalière d’introduire progressivement la télémédecine afin de mettre en place une couverture sanitaire satisfaisante par la prise en charge des populations enclavées ; des mesures engagées dans ce sens tenues par la mise en oeuvre d’une feuille de route énumérant 24 points ou la télémédecine figure en 13éme position ainsi qu’un « programme santé sud » dédié à cette catégorie de population isolée.

Parmi les prestations de la télémédecine :

  • faciliter et améliorer la qualité ainsi que l’accessibilité et l’efficacité des soins pour les personnes habitants dans les régions des Hauts Plateaux et du Sud, qui ne seront plus obligées de se déplacer dans le nord du pays ;  assurer les applications de téléconsultations, de téléassistance, de télédiagnostic, de télé-expertise et de formation continue à distance.
  • améliorer les capacités des professionnels de santé exerçant dans les régions éloignées qui deviennent mieux formés et informés.

Sachez que notre pays fait preuve d’une volonté affichée, et compte plusieurs expériences dans ce domaine :

En juillet 2011 à Alger :

Une convention relative à la mise en place d’un réseau pilote de télémédecine a été signée entre les deux ministères de la Poste et des technologies de l’information et de la communication et le ministère de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière ; pour la mise en place d’un réseau pilote de télémédecine dénommé « Réseau de Télémédecine Algérie » qui permettra l’accessibilité aux soins de santé à distance allant des transferts des données (contenues dans le dossier du patient: cliniques, para-cliniques et de plateau technique) à l’action directe du praticien sur le malade . Elle doit permettre également la tenue de séances de télémédecine entre les établissements de zones ou régions enclavées du pays et des centres hospitaliers de référence.

En février 2014:

dans le cadre du jumelage entre les hôpitaux du Nord et du Sud du pays, a été initié par le ministère de la Santé l’application des pratiques télé-médicales et télé-radiologie entre l’établissement public hospitalier d’Oran et CHU de Bab El Oued ;

En septembre 2014

la pratique de la TM été initiée. Le centre hospitalo-universitaire de Tlemcen est jumelé avec les établissements sanitaires de la wilaya de Naama et d’El Bayadh (hauts plateaux du sud-ouest d’Algérie) [8].

En janvier 2016,

la mise en place avec succès d’une plateforme pilote (CDTA) entre l’hôpital militaire régional d’Ouargla (HMRO) et l’hôpital central de l’Armée (HCA), sis à Alger, inaugurée par le général major Ahmed GAID SALAH dont le but est la correction des diagnostics des maladies du HMRO via la consultation en simultanée des dossiers médicaux [9].

En mars 2016,

première consultation en cardiologie entre le CHU de Tizi Ouzou et l‘établissement hospitalier public (EPH) de Tamanrasset au sud [10]

En juin 2016,

Installation d’équipement de télémédecine et de visioconférence avec la mise en place de la plateforme télémédecine /visioconférence opération mise en oeuvre et pilotée à partir du service de chirurgie générale du CHU d’Oran (déjà doté d’un système de visioconférence local) permettant aux jeunes résidents de suivre en direct depuis l’auditorium le déroulement de l’intervention chirurgicale mené dans le bloc opératoire [10]

A ce jour, cinq Centres Hospitalo-universitaires (CHU) à savoir les CHU d’Alger Mustapha Bacha, Bab El Oued, Beni-Messous, le CHU de Constantine et le CHU d’Oran prennent en charge douze (12) établissements publics hospitaliers du sud (Adrar, Tamanrasset, Tindouf, Illizi, El Bayadh, Ouargla, Ghardaia, Naâma, Laghouat, Béchar, Biskra et El Oued) ; un site central et une plateforme technique de pilotage du réseau ont été désigné au sein de l’Agence nationale de documentation de la santé (ANDS).

Conclusion :

Dans notre pays la télémédecine peut être un moyen effectif pour améliorer la santé dans les régions éloignées avec leurs différentes insuffisances, sauf qu’il est à préciser que l’emploi de cette technique exige des réseaux disposant de toutes les ressources matérielles et logiciels nécessaires afin de garantir une qualité de services et des conditions de traçabilité, de sécurité et de protection des données personnelles.

Références

[1]. La télémédecine en action – ANAP : 25 projets passés à la loupe, tome 1, page 64.

[2] .Duplantie J, Gagnon M-P, Fortin J-P, Landry R (2007). Telehealth and the recruitment of healthcare professionals in rural and remote communities : a Delphi study. Canadian Journal of Rural Medicine 12 (1), 30-36.

[3]. LE MÉDECIN, LA TÉLÉMÉDECINE ET LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION ; 02 /2015 ; GUIDE D’EXERCICE ; COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC.

[4] .ONS (Office national des statistique publiées) ; publiée le 30 mars 2017

[5] .Atlas des populations et pays du monde. 3W.populationsondata.net

[6].PDF, les réformes en santé évolution et perspective ; Alger-Décembre 2015

[7] .D’après le rapport sur la santé dans le monde, publié par : OMS, The Health of the People : The African Regional Health Report, 2006.

[8].Technique médicale innovante en cours d’introduction en Algérie, Publié par Dknews le 29-03-2014.
WEB :

[9]. 3W.cdta .dz

[10]. 3W// L courrier-dalgerie.com

[11]. 3w.hospihub.comw

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